Ce que nous avons appris sur la création d’entreprises sociales – et ce que nous ferions différemment
Après six ans de Grenzeloos, des centaines de conversations avec les détenteurs du statut et plus de rapports financiers que nous n’aurions jamais voulu écrire, nous avons une liste d’idées que nous aurions aimé avoir plus tôt.
Ce n'est pas une réussite – nous avons fini par fermer notre restaurant. Mais c'est une histoire qui montre ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce à quoi on peut s'attendre en tant qu'entrepreneur social.
Ingrédient 1 : Choisir un modèle économique avec marge
Ce que nous avons fait:Nous avons choisi la restauration car beaucoup de titulaires de statuts finissent par y travailler et il y a un manque de personnel.
Ce que nous avons appris:Le secteur de l'hôtellerie-restauration a des marges notoirement faibles (5 à 101 TP4T de bénéfices). Si l'on ajoute à cela les coûts sociaux (encadrement supplémentaire, productivité réduite, taux d'abandon plus élevés), il devient presque impossible d'être rentable.
Ce que nous ferions maintenant: Choisissez un modèle économique avec des marges de 30 à 50 %. Pensez au conseil, aux logiciels ou aux services spécialisés. Cela laisse de la place à votre mission sociale.
Des conseils concretsNe calculez pas seulement les besoins d'une entreprise classique, mais ajoutez également les cotisations sociales 50%. Assurez-vous également que votre modèle économique peut supporter ces coûts supplémentaires.
Ingrédient 2 : Mesurer l’impact dès le premier jour
Ce que nous avons faitPendant trois ans, nous avons fonctionné grâce à des histoires et à notre intuition. Ce n'est qu'en 2023 que nous avons réellement commencé à mesurer notre impact.
Ce que nous avons appris:Sans données, vous ne pouvez pas vous améliorer, vous ne pouvez pas rendre de comptes aux financiers et vous ne pouvez pas prouver que votre entreprise vaut la peine d'être investie. De plus, mesurer vous aide à devenir plus précis dans ce que vous faites.
Ce que nous ferions maintenantDès le premier stagiaire, posez des questions simples : comment allez-vous ? Qu'apprenez-vous ? Qu'est-ce qui a un impact sur vous ? Cela prend 10 minutes par mois et vous apporte des informations précieuses.
Des conseils concretsCommencez par 3 à 5 questions simples que vous poserez chaque mois. Construisez des systèmes plus complexes plus tard. Mais commencez dès maintenant, car les données d'il y a trois ans sont moins précieuses que celles du mois dernier.
Ingrédient 3 : Organisez la gouvernance avant d'en avoir besoin
Ce que nous avons fait:Nous avons commencé comme trois amis avec une SARL. La gouvernance n'est arrivée que lorsque les financiers l'ont demandée.
Ce que nous avons apprisUne bonne gouvernance n'est pas une question de bureaucratie, mais de protection de votre mission. Elle donne confiance aux financiers et garantit que vous ne faites pas de choix sous la pression qui nuisent à vos objectifs sociaux.
Ce que nous ferions maintenant: Réfléchissez dès le départ à la structure juridique, à la gouvernance et aux processus décisionnels. Ce n'est pas parfait, mais réfléchi.
Des conseils concretsContactez Code Sociale Ondernemingen ou participez à un atelier B-Corp. Même sans inscription, vous apprendrez ce qu'est une bonne gouvernance.
Ingrédient 4 : Commencez petit et systématisez plus tard
Ce que nous avons fait:Nous nous sommes lancés dans la création d’applications, de systèmes et de processus avant de savoir ce qui fonctionnait réellement.
Ce que nous avons apprisLes individus ne sont pas des logiciels. On ne peut systématiser l'impact social sans comprendre comment il se produit. Les systèmes doivent soutenir ce qui fonctionne, et non dicter ce qui devrait fonctionner.
Ce que nous ferions maintenant: Commencez avec quelques personnes, observez le résultat, expérimentez, ajustez. Ce n'est qu'après quelques mois que vous pourrez structurer ce qui semble fonctionner.
Des conseils concretsRésistez à la tentation de tout systématiser d'emblée. Commencez par les personnes, pas par les processus.
Ingrédient 5 : Assurer une rémunération durable des fondateurs
Ce que nous avons fait:En tant que fondateurs, nous avons travaillé pendant des années, en grande partie sans être payés, pour maintenir Grenzeloos à flot.
Ce que nous avons appris: Ce n'est ni durable ni juste. Des fondateurs épuisés prennent de mauvaises décisions et peuvent avoir moins d'impact. De plus, cela donne un mauvais exemple de priorités à votre équipe.
Ce que nous ferions maintenant: Prévoyez des salaires réalistes dès le départ, même si cela implique une croissance plus lente. Mieux vaut une organisation durable qu'un épuisement rapide.
Des conseils concrets:Ne considérez pas les salaires des fondateurs comme un luxe mais comme un investissement dans la continuité de votre mission.
Ingrédient 6 : Soyez prêt à changer de direction
Ce que nous avons appris:Votre première idée est rarement la meilleure. Le marché, votre public cible et les circonstances extérieures évoluent. Mieux vaut la flexibilité que la perfection.
Ce que cela signifie: Restez fidèle à votre mission (aider les personnes à s'intégrer), mais soyez flexible dans votre méthode (restaurant, parcours de soins, conseil, etc.).
La vérification de la réalité
Être une entreprise sociale est plus difficile qu'être un entrepreneur classique. Vous êtes confronté à tous les défis commerciaux habituels, auxquels s'ajoutent la complexité liée à vos objectifs sociaux. On attend de vous que vous soyez efficace en tant qu'entreprise et performant en tant qu'organisation sociale.
Cela ne veut pas dire que c'est impossible, mais cela signifie que vous devez être réaliste quant à :
- De combien de capital avez-vous besoin (plus que vous ne le pensez)
- Combien de temps faut-il pour devenir rentable (plus long que vous ne le pensez)
- Combien d'énergie cela prend (plus que vous ne le pensez)
- De combien d'expertise avez-vous besoin (plus que vous ne le pensez)
Ce que nous copierions
Si nous devions recommencer :
L'accent mis sur l'intervention précoce:Atteindre les gens avant qu’ils ne soient coincés dans le système a un impact énorme.
L'approche du copain:L’accompagnement personnel par des collègues est plus efficace qu’une formation formelle.
L'apprentissage pratique:Apprendre la langue et les compétences néerlandaises en les utilisant réellement est beaucoup plus efficace que la théorie.
La période d'essai:L'essayer pendant deux mois évite la frustration et les mauvais matchs.
Ce que nous devrions éviter
Mise à l'échelle trop rapide:Mieux vaut bien guider cinq personnes que vingt personnes modérément.
Trop de foin sur la fourche:Gérer un restaurant, guider les processus et organiser la gouvernance, c'est trop de choses à la fois.
Dépendance aux subventions:Les subventions sont un capital de démarrage, pas un modèle commercial.
Vous souhaitez créer immédiatement des systèmes parfaits:Commencez par les gens, les systèmes viendront plus tard.
Pour la prochaine génération
Si vous souhaitez créer une entreprise sociale, lancez-vous. Le monde a besoin de plus de personnes qui s'efforcent de résoudre les problèmes. Mais faites-le en toute connaissance de cause.
L'entrepreneuriat social n'est pas un hobby, c'est un marathon. Il faut de la persévérance, mais aussi du réalisme. La passion seule ne suffit pas. Il faut aussi de la compétence.
Apprenez de nos erreurs, mais surtout, faites les vôtres. Car, au final, chaque entreprise sociale est différente, chaque groupe cible est différent et chaque contexte est différent.
La seule chose qui ne change pas, c'est que si vous voulez vraiment aider les autres, vous trouverez forcément une solution. Peut-être pas la première, peut-être pas la plus simple, mais une solution qui finira par fonctionner.
Et ça vaut le coup. Pour eux, et pour vous.
Merci d'avoir lu notre série. Nous espérons que nos expériences aideront d'autres personnes à bâtir des entreprises sociales plus performantes. Car le monde a besoin de toute l'aide possible.
